Les sangles du sac à dos meurtrissaient un peu les épaules de son propriétaire. Il les rajusta donc pour s'éviter d'être trop incommodé lors du voyage qui l'attendait. La route s'annonçait assez longue en prime alors pas question de se rajouter des problèmes en avance. Il inspecta sa tenue une dernière fois dans le miroir de plein pied accroché sur la porte de son placard.

Son habituel, voire éternel, costume bleu agrémenté du nœud papillon rouge. Un goût vestimentaire qu'il héritait de sa mère. Il arrivait que son paternel se mette sur son 31 à l'occasion mais c'était essentiellement pour son travail. Sans quoi il se contentait d'une tenue des plus décontractée qui contrastait toujours avec la classe et l'élégance naturelle de son épouse.

D'ailleurs en parlant d'eux, Emile les entendit s'affairer en bas. Ils devaient encore planifier les détails de son petit périple. Ce qui ne servait à rien, mise à part le retarder car ils ne voulaient pas le lâcher. Tout ce dont il avait besoin se trouvait déjà dans son sac. Il ajusta donc ses lunettes sur son nez et prit la porte de sa chambre pour finalement descendre les retrouver. En l'entendant arriver, ils se réunirent à la porte pour les adieux.

Quand on disait qu'il y avait tout un monde entre les deux êtres, ce n'était pas exagéré. La posture, la tenue, les mimiques. Tout les différenciait. Et pourtant ils s'étaient unis à jamais, symbolisant cette curieuse symbiose en la personne de leur petit galopin qui prenait le large à seulement huit ans. Et demi, préciserait-il. Il s'avança jusqu'à leur niveau pour leur adresser un dernier au revoir. Malgré le fait qu'il ne devait pas quitter l'île, il se doutait qu'il ne serait pas de retour avant un mois ou deux.

Irène, sa mère, fut la première à le saisir dans ses bras. Rien d'étonnant en même temps, il s'en doutait. Il tenait de sa perspicacité là-dessus. Difficile de dire ce qu'il tenait de son progéniteur mais ça c'était une autre paire de manches ! Ce dernier rejoint alors l'embrassade. Le jeune Emile était étouffé de toute part ! L'étreinte un peu trop forte pour un simple au revoir. Ce n'était pas comme s'il quittait définitivement le domicile familial.

Il serait en vadrouille quelques temps. Il ne dormirait pas non plus à la belle étoile grâce aux sous que ses parents lui avaient donnés. Il avait également réussi à se procurer des Pokéballs. Il pourrait donc attraper son tout premier Pokémon afin de ne pas être seul sur la route. Les phrases d'usage furent échangés avec sa famille. Sa mère lui demandant de bien se brosser les dents, son père de rester prudent et de ne pas parler aux inconnus et toutes autres préconisations futiles.

Les adieux touchaient à leur fin, Emile sur le seuil de la porte prêt à partir lorsque son père lui retint la manche. Il fit volte-face pour voir ce qu'il lui voulait et il découvrit avec étonnement ce que son papa tenait dans sa main. Une Pokéball. Il ne comprit tout d'abord pas mais l'incompréhension dura pas moins de deux minutes ! Avant de finalement réaliser que...

- C'est un Pokémon ?! piailla-t-il avec excitation.

- Oui, lui répondit amoureusement son père. J'ai réussi à t'obtenir un tout premier compagnon pour ton voyage. Tu seras plus en sécurité si tu pars déjà avec quelqu'un.

Le petit garçon se saisit de la sphère convoitée et il fondit dans les bras de son père pour le remercier. Il s'apprêta à ouvrir la Ball mais une main l'en empêcha. Son père le regardait avec un sourire et se contenta d'un :

- Attends d'être sur la route pour l'ouvrir.

Le gamin allait respecter cette volonté. Il accorda donc un dernier bisou à chacun de ses parents avant de définitivement quitter le domicile familial. A l'aventure compagnons !